jeudi 4 août 2011

J'aimerais tant avoir une grossesse normale

Bonjour a toutes,

ça m'a fait tellement de bien de lire les témoignages sur ce blog.J'ai eu trois grossesses, et trois fois, j'ai souffert de ces vomissements. A chaque fois, hôpital, incompréhension des autres, souffrance psychologique, l'impression de devenir folle....C'est tellement dur de me remémorer tout ça.

J'ai eu deux magnifiques petites filles suite à mes deux premières grossesses, mais pour la troisième, le bébé est mort un peu après la 14ème semaine :-( En fait, un jour, je me suis réveillée, et mes vomissements avaient disparus, je n'avais pas été malade de toute la nuit, je me sentais pleine d'énergie, je me sentais revivre. J'ai passé une semaine comme ça, en super forme, et puis un dimanche matin, un peu de sang, mais mal nul part, je vais à l'hôpital pour vérifier que tout va bien, et là, on découvre que le cœur du bébé ne bat plus, et que d'après les mesures, il est probablement mort depuis quelques jours. J'en ai conclu que le jour où je me suis sentie si bien, c'est parce que le bébé était mort, et que donc l'hormone de grossesse avait chuté. Dur. Souffrir le martyre pour que ça ne donne rien.Ca s'est passe l'année dernière, en octobre.

Maintenant, avec mon mari, on commence à parler de refaire un essai, car on voudrait vraiment un bébé ensemble (les deux premiers enfants sont de mon premier mari).Lui est prêt à subir les difficultés, car ça a été très difficile pour lui également, mais moi j'ai tellement peur. A la peur d'être malade, vient maintenant la peur de perdre mon bébé une fois de plus. Et en fait, ca peut paraitre horrible de dire ca, mais je pense que j'ai plus peur d'être de nouveau malade, que de perdre le bébé.C'est tellement dur à supporter, je me souviens tellement bien de tout. De ces nuits à l'hôpital, du noir, des médecins persuadés que le problème va être réglé par l'isolement dans le noir au bout de quelques jours, ces personnes qui ne comprennent pas comment on peut être si malade, et qui se demandent si on exagère pas ... Les personnes qui se demandent si on veut vraiment du bébé... OUI!

Lors de ma toute première grossesse, après une conversation avec une infirmière à l'hôpital ou je suis restée un mois, j'ai failli décider d'avorter. Lorsque j'en ai parle à ma maman, elle a accouru auprès de moi, et n'a plus bougé de la chambre jusqu'a ce que je rentre à la maison.
Le médecin ne savait plus quoi faire. Au bout d’un moment, on ne savait plus où me mettre les perfusions. Mes veines n’étaient plus assez large. Un médecin m’a dit texto « madame, si vous continuez comme ca, on va devoir vous mettre une voie centrale ! »

Je me souviens de ces nuits ou je mangeais comme un petit animal, les quelques morceaux de melon et de pastèque sur une assiette, que mon mari m'avait préparé au cas ou je pourrais manger. En général ca restait dans mon estomac. J'arrivais à garder ce que je mangeais la nuit, mais c'était de très petites quantités. Il était tellement content le matin, quand il voyait que j'avais pu manger et garder deux morceaux de melon, et trois de pastèque...Je me souviens de ces trajets de 30 kilomètres ou je souffrais le martyre dans la voiture, la tète au-dessus d'un sac, a vomir du crachat et de la bile, en route pour l'acupuncteur. J'ai fait je pense 10 séances, mais cela n'a rien changé. J'avais mis beaucoup d'espoir là-dedans, parce que je n'avais pas essayé lors de mes 2 premières grossesses.Je me souviens aussi de ces nuits à l'hôpital, ou je faisais des cauchemars - en fait je ne sais même pas si j'étais éveillée ou si je dormais - je rêvais de paysages en feu, dévastés, d'hommes qui courraient dans tous les sens, j'avais l'impression de devenir folle.A l'hôpital, j'avais l'impression que tous les bruits étaient très forts, plus que normalement. Je ne supportais plus les bruits, je les reconnaissais tous. Le bruit de la machine dans laquelle ils mettaient les diners, qui ne m'étaient pas destinés, et que j'aurais tellement voulu manger, le bruit des pas des personnes qui allaient rendre visite à une dame qui avait accouché (j'étais dans le service maternité), le bruit desnouveau-nés qui pleuraient, les infirmières qui discutaient entre elles...J'en voulais à tout le monde d'être dans un état normal. J'avais l'impression que ma vie s'était arrêtée. Je m'imaginais simplement en train de marcher dehors, en train de rire, en train de travailler, des situations de la vie quotidienne qui me paraissaient tellement loin et inaccessibles.J'ai parlé beaucoup à mes bébés, à chaque fois. Je leur disais que rien n'était de leur faute, et qu'ils ne devaient pas souffrir, que ca allait passer.

Je me souviens des attentes dans la salle du gynécologue, je ne pouvais même pas tenir assise sur la chaise. Tout le monde me regardait en se posant des questions. J'étais persuadée que les autres femmes enceintes devaient probablement se dire "allez quoi, quelques nausées de grossesse, c'est quand même pas si terrible, il ne faut pas exagérer"Aucun médicament n'a eu d'effets. J'ai essaye Postadoxine, Primperan, Motilium. J'ai eu aussi du Primperan en injection tous les matins, à chaque fois vers le 3ème mois de grossesse, et la ça a commencé à aller mieux, mais je ne pense pas que ce soit grâce au Primperan.C'est vrai que j'ai "la chance" de ne souffrir de ces vomissements que jusqu'à environ 4 mois de grossesse. Apres, ça passe, je ne vomis plus, le seul problème que je garde est un gros problème d'acidité dans l'estomac et de brulant. Ca reste jusqu'a l'accouchement. C'est embêtant, mais beaucoup plus facilement supportable que l'autre problème.

Lors de ma troisième grossesse, j’ai eu un problème que je n’avais pas eu lors de mes deux premières grossesses : l’hyper salivation. En fait, lorsque j’ai commence à aller mieux et à garder la plupart de mes repas, ma salivation ne s’est plus arrêtée. Je devais en permanence avoir un bol près de moi dans lequel ma salive s’écoulait. La nuit, je devais dormir avec un essuie contre ma bouche, laisser ma bouche ouverte pour que la salive s’écoule. J’ai fini par mâcher du chewing-gum tout le temps, même la nuit.

Ce que j’ai trouve particulièrement difficile à vivre durant ces quatre premiers mois de chaque grossesse, c’est le fait d’être complètement déconnectée de la réalité et de la vie. J’avais le sentiment de ne plus faire partie de ma vie. C’est dur à expliquer, et je me demande si d’autre parmi vous ont ressenti ça. Le fait d’être au lit tous les jours, toute la journée, et d’entendre ce qui se passe dans la maison sans pouvoir y participer. Entendre les filles qui se préparent avec ma maman pour aller à l’école. Entendre ma maman parler avec mon conjoint. Entendre les bruits de la cuisine, du salon, de la salle de bain. Entendre les filles qui rentrent de l’école, et demander si maman va mieux et si elle est toujours au lit …Je me souviens encore de la cloche de l’église. Je n’y avais jamais fait attention en temps normal. Mais durant ces moments, je l’ai entendue sonner toutes les demi-heures et heures. Je ne voulais plus l’entendre. Je ne supportais plus l’entendre.
C’est fou comme on prend conscience durant ces moments, de toutes ces choses que l’on fait sans y penser dans la vie courante.

Si encore j’avais pu lire. J’adore lire. Mais quand je suis dans cet état, c’est impossible. Je suis enfermée dans mon corps, avec mes pensées.

J’aimerais aussi savoir si au niveau du mal physique, vous avez ressenti la même chose que moi. Je n’ai pas vraiment eu mal au ventre lors de ces périodes. Le mal se situe plus au niveau de la poitrine, du thorax. C’est très difficile à décrire pour moi. C’est comme si quelque chose s’était resserré dans ma poitrine, et ne voulait plus s’ouvrir. C’est vraiment une sensation difficile à expliquer. Et à chaque fois, c’est venu d’un coup. Toujours vers la 4ème semaine. La dernière fois, j’étais au travail, puis dans la matinée, j’ai senti comme quelque chose qui se serrait dans ma poitrine. J’ai reconnu la sensation tout de suite. Je me suis dit, ca y est, c’est reparti. J’ai été dans les toilettes, parce que j’avais l’impression de devoir vomir, mais rien ne venait. J’ai essaye de me faire vomir, mais rien ne sortait. J’avais l’impression que vomir me ferait du bien, mais en fait il n’en est rien, ça ne change rien. Je me suis assise par terre, contre le mur du wc et j’ai commence à pleurer. Je ne voulais pas que ca recommence. Pourquoi à chaque fois ? Pourquoi je ne mérite pas une grossesse normale ?

Je ne supporte pas l’odeur des wc. Etre en contact tellement étroit pendant une longue période avec des cuvettes de wc fait qu’à chaque fois que je vais aux toilettes, j’y pense. A ces moments où penchée sur la cuvette, je vomissais en pleurant. Ces moments ou j’avais juste des spasmes, mais rien ne venait. Ces moments où, sortie de mon lit trop tard, je n’arrivais pas à temps pour vomir, et je vomissais tout par terre et dans mes mains. Ma maman nettoyait tout. Ca me dégoute d’en parler.

Je me rends compte que je pourrais en parler encore et encore. Tellement de souvenirs, tellement d’anecdotes. Tellement de choses que j’aimerais partager avec quelqu’un qui sait de quoi je parle, qui l’a vécu.

Merci d'avoir fait ce blog.

Natacha