lundi 7 novembre 2011

Une véritable épreuve, même si elle se termine par le plus grand des bonheurs



Bonjour,

A mon tour, je tiens à raconter ce que j’ai vécu, espérant ainsi rassurer les futures mamans qui traversent l’épreuve de l’hyperémèse gravidique et la faire connaître – et reconnaître - à tout le personnel médical.

J’aurais aimé découvrir ce blog lorsque j’ai été enceinte…

Ma première grossesse est arrivée après un an d’attente et la crainte de ne pas réussir à devenir maman naturellement.
Nous avions en effet été envoyés en PMA lorsque la merveilleuse nouvelle est arrivée ! Nous nagions donc dans le bonheur à l’idée d’attendre un bébé! Mais au bout d’un peu plus de trois semaines de grossesse, alors que nous commencions nos vacances en Corse, les premières nausées sont arrivées, de plus en plus fortes, au point que nous sommes rentrés chez nous au bout d’une semaine (nous étions sous tente et je ne pouvais rien faire…).

Ma sœur, sage-femme (mais malheureusement en stage en Guadeloupe à ce moment-là), s’est même demandé si je n’attendais pas des jumeaux tant j’étais malade…Une fois que nous étions rentrés à la maison, les vomissements sont arrivés, très nombreux. J’avais du répit la nuit et dormais bien, mais la journée, les nausées et les vomissements m’empêchaient de faire quoi que ce soit. Tout me demandait un effort surhumain si je devais me lever. Même prendre une douche était un calvaire !

Les odeurs de gel douche étaient insupportables ! En fait, me lever, tout simplement, ne serait-ce que pour aller sur une chaise longue sur la terrasse, était trop difficile. Je restais le plus souvent au lit, dans le noir. Impossible de lire (moi qui lis beaucoup…), d’utiliser un ordinateur ou de regarder la télévision…

Pour ce qui est des repas, au début, lorsque je mangeais, je vomissais quasiment instantanément…Puis, je n’osais même plus manger…De toute façon je n’avais envie de rien…Je vomissais donc essentiellement de la bile et m’affaiblissais…
Mon généraliste m’a prescrit les habituels vogalène, motillium, primpéran…mais cela n’était pas efficace. Il m’a ensuite prescrit le primpéran sous la forme d’injections, aucune efficacité non plus. On m’a conseillé l’homéopathie, mais tout m’écœurait tellement (d’autant que j’avais un goût amer dans la bouche dès que je mangeais quoi que ce soit) que même ces petites boules sucrées me dégoûtaient…Je pleurais d’être dans cet état et déprimais. Et puis, je ne savais pas quand est-ce que ça s’arrêterait, et j’avais peur que ça dure jusqu’au bout de la grossesse, d’autant que la même chose était arrivée à ma maman, lorsqu’elle nous attendait, d’abord moi puis ma sœur…Imaginer vivre cela plusieurs mois m’affolait…

Lors d’une visite chez le généraliste, nous nous sommes rendu compte que j’avais perdu 10 kgs (sachant que je suis de corpulence normale, ça faisait beaucoup !). Le médecin ne s’est pas affolé, m’a dit que ce n’était pas grave pour le bébé –ce qui me rassurait beaucoup-, que d’autres femmes étaient dans mon cas, qu’il comprenait que ce soit très difficile à vivre, que ça finirait par passer…Peu de temps après, j’ai eu rendez-vous chez la gynécologue qui m’a proposé de m’hospitaliser. Moi j’aurais aimé –je n’en pouvais tellement plus !-, mais mon mari a freiné les choses, craignant que je me sente encore plus mal en étant isolée…Le calvaire a duré quelques semaines encore…

Je me revois fondre en larmes chez la gynéco, lui avouant que je n’en pouvais plus d’être enceinte, et me sentant en même temps si mal de lui dire cela, alors que j’avais tant désiré ce bébé ! Elle était démunie, et m’a proposé de voir une psychologue, ce que j’ai fait. Je me disais que comme j’avais toujours entendu ma maman dire qu’être enceinte avait été horrible pour elle, je reproduisais peut-être le même schéma…Mais ce qui est terrible, c’est que je me disais donc que c’était de ma faute ! Alors qu’après mes deux grossesses et avec du recul, je n’y crois plus, à cet aspect psychologique. En effet, j’ai eu la chance (par rapport à certaines mamans qui témoignent sur ce blog), de voir mes symptômes s’estomper à partir de trois mois et demi, puis disparaître totalement à quatre mois et demi. J’ai pu vivre une fin de grossesse merveilleuse et enfin savourer le fait d’être enceinte. C’était même plus que ça, j’avais l’impression de revivre ! J’avais tellement attendu de pouvoir tout simplement prendre un repas normalement, boire un verre et discuter avec des amis, me sentir bien tout simplement, sans nausées…Tout s’est donc bien passé et les petits désagréments de fin de grossesse (douleurs, fatigue, etc…), je ne m’en suis jamais plainte !

Il était évident pour mon mari et moi que nous n’aurions pas un enfant unique, et malgré les difficultés de la première grossesse, nous avons très vite tenté d’avoir un deuxième enfant, sachant que ce serait peut-être difficile. C’est ainsi que je me suis retrouvée enceinte, pour notre plus grande joie, lorsque ma première fille avait dix mois. J’espérais ne pas être malade cette fois-ci (tout le monde dit que chaque grossesse est différente !), mais malheureusement, les nausées sont arrivées vers trois semaines-un mois de grossesse, de plus en plus fortes puis accompagnées des fameux vomissements. Cette fois, j’en ai pleuré chez mon médecin dès le début, lui disant que je ne voulais pas que le cauchemar recommence ! Comme la première fois, il a été très gentil et à l’écoute, m’a dit de penser au bonheur que m’avait apporté ma première fille, et m’a arrêtée puisqu’il était impossible que j’aille travailler…Je n’ai même pas essayé de prendre du primpéran cette fois, tant son effet est nul sur moi. Ce que j’ai tenté quelque temps après, c’est l’acupuncture à la maternité régionale, avec une sage-femme spécialisée. AUCUN EFFET malheureusement.
J’ai vécu le même calvaire que la première fois : se sentir mal en permanence, sans répit -excepté la nuit-, avec l’impression de tomber dans le gouffre de la dépression, d’autant que je n’arrivais pas à m’occuper de ma puce d’un an et que j’en culpabilisais beaucoup…Heureusement que son papa s’occupait bien  d’elle ! La différence avec la première grossesse, quand même, c’est que j’arrivais à manger un peu le soir, ce qui fait que j’ai perdu moins de poids…Mais autrement, les mêmes sensations d’écœurement à la moindre odeur, la même fatigue (je dormais énormément quand j’y repense, et heureusement car c’étaient les seuls moments où ça allait !), la même difficulté à faire quoi que ce soit…C’est vers trois mois de grossesse que les nausées et vomissement se sont atténués (donc plus tôt que la première fois) puis définitivement arrêtés. Là encore, très éprouvée psychologiquement, je me suis mise à revivre et à savourer chaque instant de ce temps qui m’avait paru s’écouler si lentement lorsque j’étais malade (puisqu’encore une fois, lire ou regarder la TV ne sont pas des activités que je pouvais faire tant je me sentais mal)…Bref, cette gastro ou ce mal de mer permanent pendant plusieurs mois était une deuxième fois derrière moi.

Mes deux filles ont cinq ans et demi et bientôt quatre ans aujourd’hui, et lorsque je les vois, je me dis que ça valait le coup d’être si malade ! C’est donc du courage que je veux souhaiter à toutes les mamans dans notre cas ! Même si en aucun cas je ne sous-estime la difficulté qu’il y a à traverser l’épreuve de l’hyperémèse gravidique, épreuve d’autant plus difficile à accepter qu’on n’est pas toujours compris par son entourage ou par les médecins… « Ce n’est pas une maladie d’être enceinte », « oui, les nausées, toute maman connaît ça », ou encore « c’est pour la bonne cause, ça va passer »…Toutes ces réflexions ne reconnaissent pas à la future maman la souffrance qu’elle est en train de vivre et sous-estiment son mal-être…

Puisse ce blog faire savoir aux futures mamans qui vont mal qu’elles ne sont pas seules, que nous les comprenons, à leurs proches qu’ils doivent les soutenir, au personnel médical qu’ils doivent tenter de les soulager…

Je découvre le donormyl aujourd’hui, sur ce blog, alors que nous envisageons une troisième grossesse avec mon mari, et il nous donne un peu d’espoir…J’espère qu’il sougage –au moins un peu- toutes les femmes qui tentent ce traitement…Merci à vous, donc, et COURAGE à toutes !

Fleur88